Il y a quelques jours, j’assistais à une conférence organisée par le Centre de Jeunes Dirigeants sur le thème du « droit à l’erreur dans nos organisations ». Car oui, cela préoccupe nos dirigeants d’entreprises; à deux titres ; pour eux et pour leurs collaborateurs.
Cela me concernait également en tant que dirigeante de mon cabinet, mais aussi au titre de Consultante, car je fais souvent le constat que les individus qui me consultent (dirigeants, managers, salariés, voire même étudiants) sont peu enclins à reconnaître leur propre droit à l’erreur; la société nous formatant à être de bons enfants, de bons élèves, de bons salariés, de bons patrons … et donc, admettre une faute reste souvent du domaine de l’inavouable.
Ce sentiment narcissique de toute puissance, « je n’ai pas le droit à l’erreur » n’est pas sain ni mâture d’ailleurs.
Une étudiante de 2è année d’école de commerce me disait de manière très convaincante « je ne pense pas être prise pour ce stage car je n’ai pas les compétences » et d’être toute surprise lorsque je lui répondais « S’agit-il d’un poste ou d’un stage ? »
Les conférenciers présents insistaient sur ce biais culturel et sociétal qui nous inculque la performance, le fait d’être le meilleur dans tout ce que l’on entreprend et ce, dès l’école… l’un d’entre eux, Stéphane GALLAUD (Kronos) évoquait le «syndrôme de la feuille rouge» tellement elle était «corrigée au bic rouge » par l’institutrice …
A ce moment je repensais à une anecdote qui venait d’arriver à mon fils de 7 ans, en CE1.
Préparant une visite au Musée de la Piscine à Roubaix, son institutrice demandait à la classe s’ils connaissaient des peintres… mon fils ayant découvert l’art avec moi et surtout ayant une bonne confiance en lui, évoque tout naturellement un peintre soit, pas aussi connu que Picasso ou Renoir, mais pour autant bien réel que nous affectionnons tous les deux : JONONE…
A cela celle-ci répond catégoriquement «NON, ce n’est pas un peintre » devant tous les enfants de la classe. Il y a pourtant un ordinateur et un accès wifi à sa disposition…
Récupérant mon fils le soir même, il m’évoque, très déçu, la réponse de sa maîtresse en me disant « elle ne connaît rien cette maîtresse » … et à ce moment précis, je me dis qu’heureusement que mon fils est comme il est … c’est-à-dire confiant en lui et assuré dans sa position. Je pense aussi qu’un enfant plus réservé, se serait tût à jamais après une telle réponse …
Admettre le droit à l’erreur pour cette institutrice envers son élève aurait pu être de dire : « tu es certain de ce que tu me dis Hugues ? je ne connais pas ce peintre … ».
Nous pouvons apprendre de nos erreurs et le document que Hugues lui a remis le lendemain, lui a permis d’enrichir ses connaissances …
Ou encore, d’admettre son propre droit à l’erreur à elle… à savoir « je ne connais pas tous les peintres de la terre, on va regarder ensemble sur internet ».
« Je ne suis pas DIEU » disait l’un de mes professeurs ….
Et de me dire, après cette conférence, que d’admettre le droit à l’erreur lorsque l’on est parent ou enseignant, c’est faire grandir ses enfants, notamment dans leur confiance en eux … c’est de les autonomiser et les responsabiliser au même titre que les collaborateurs au sein d’une entreprise.
L’un des conférenciers nous explique plusieurs principes :
- Le principe de la Sérendipité: c’est-à-dire inventer des choses auxquelles on ne s’attend pas ; c’est l’exemple du Pace maker et John Hopps, Alexander flemming et la pénicilline, …
- Le principe d’Innovation; tester de nouvelles choses même si l’on prend des risques ; nous amène à innover
- Le principe du Retour d’expérience : permet l’AMÉLIORATION continue, la détection des non conformités / de comprendre comment les erreurs produites ont perturbé le système
La culture de la non punition par rapport à l’erreur permet à une entreprise d’être agile et de s’adapter rapidement à son environnement
De même, Savoir dire non à son chef lorsque nous pensons qu’il se trompe, ou à la maîtresse lorsqu’elle n’est pas au courant qu’un peintre du nom de JONONE est un graffeur devenu célèbre par le mouvement et la couleur de ses toiles, et que celles-ci se vendent, dans le monde entier à des milliers d’euros …. C’est aussi avoir confiance en soi …
Bien sûr il ne s’agit pas de dire NON pour dire NON ; mais d’étayer son point de vue, et de proposer des solutions alternatives …. Et cela, nous en sommes capables si nous avons grandi personnellement et professionnellement dans un environnement naturellement « bienveillant ».
Et les conférenciers de nous rappeler
- qu’un enfant tombe 2000 fois avant de savoir marcher .. et pour autant, on ne voit pas d’enfant normalement constitué, décidant de rester assis toute sa vie. On ne voit pas non plus de parent qui n’encourage pas son enfant à marcher …
- que les grandes réussites de notre monde sont souvent nées d’erreurs
Le manque de confiance en soi est donc bien en lien avec la peur de faire des erreurs. Infantiliser un salarié dans des tâches subalternes ne l’amène pas à prendre des initiatives.
L’innovation provient bien de nos erreurs et nous en libérer, nous assure davantage de créativité.
Alors je rejoins ces conférenciers pour vous conseiller de :
- Travailler vos peurs en tant que manager ou dirigeant d’entreprise; les identifier, trouver des parades pour déléguer sans pour autant « délaisser »… C’est un travail de développement personnel que de reconnaître ses erreurs, de les entendre et de savoir en parler aux autres, sans culpabilité
- Libérer la parole et oser parler de ses erreurs(montrer que cela vous arrive à vous aussi)
- Evangéliser sur ce sujet et remettre aussi du sens, en différenciant bien l’erreur de la faute ; cette dernière étant davantage intentionnelle ou l’équivalent d’une erreur qui se répète, révélant souvent une incompétence.
Pour aller plus loin sur ce sujet
- Ted x Kathryn SCHULZ : https://www.ted.com/talks/kathryn_schulz_on_being_wrong?language=fr
- Thierry Pick ; un dirigeant « inspirant », conférencier lors de cette soirée https://thebaroudeursblog.com/2016/06/07/clinitex-lors-quhumanite-et-proprete-font-bon-menage/
- Gael CHATELAIN Auteur inspirant et conférencier, lui aussi présent ; son livre « Mon boss est nul, mais je le soigne » https://www.labourseetlavie.com/linterview/gael-chatelain-consultant-et-auteur-de-mon-boss-est-nul-mais-je-le-soigne